Les associations signataires
Dans sa déclaration d’intention, cette nouvelle structure semble enfin écouter ce que demandent les associations trans depuis des années (la dépathologisation des parcours et l’inclusion des personnes concernées), confirmant ainsi la justesse de nos positions.
La SoFECT, Société Française d'Études et de prise en Charge de la Transidentité, rassemblant des professionnels de santé prenant en charge des personnes trans, doit être dissoute, répondant là encore à une revendication des associations trans.
Mais nous, associations de personnes trans, savons qu’un changement de nom ne change pas celles et ceux qui le portent.
À l’occasion de ce baptême, le 19 novembre, veille du jour de commémoration des personnes victimes de transphobie, la SoFECT-FPATH essaie de faire croire que tout a changé, qu’un nouveau sigle effacera des années de maltraitance, de psychiatrisation systématique, d’examens gynécologiques intrusifs et inutiles, de pathologisation et d’infantilisation des personnes trans.
Les membres de la SoFECT ont, pendant des années, imposé des protocoles inhumains aux personnes trans, sélectionnées sur des critères sexistes, homophobes, grossophobes, putophobes, sérophobes, classistes et âgistes. Ils et elles ont été dénoncé·e·s à maintes reprises par les associations trans françaises et internationales, mais sont accueilli·e·s à bras ouverts à la nouvelle SoFECT-FPATH.
La volonté affichée de cette nouvelle structure de dépsychiatriser la transidentité nous apparaît par ailleurs en contradiction avec sa revendication de reprendre les standards de la WPATH, puisque cette dernière préconise encore le recours à un diagnostic de dysphorie de genre pour les hormonothérapies. Elle est aussi en contradiction avec la présence massive de psychiatres au premier bureau de la nouvelle association (3 postes sur 7).
Dans leur déclaration d’intention, les dirigeants de la SoFECT-FPATH disent vouloir intégrer les associations et les personnes concernées.
Mais que penser de ce souhait quand le conseil d’administration ne réserve que 3 places aux associations sur 34 ? Les associations trans n’ont pas été associées à la construction de la FPATH, alors qu’elles accompagnent chaque jour des personnes trans, premières concernées et premières actrices de leur propre santé, et font entendre leurs voix en défendant leurs intérêts.
La voix des associations serait ainsi moins forte que celles de quatre personnes trans - et de deux parents - qui ne représenteront que leurs parcours et situations particulières et dont les conditions d'indépendance vis-à-vis de la SoFECT-FPATH ne sont pas garanties. Surtout, que penser de cette opposition entre associations et personnes individuelles, sinon comme d'une volonté de diviser la parole des personnes trans ?
Cependant, dans un souci d'amélioration de la l’accompagnement des personnes trans, nous proposons d'ouvrir le dialogue et donnons le cadre dans lequel nous pourrions envisager une collaboration avec ces équipes :
Ces préalables, qui sont à prendre dans leur ensemble, nous semblent indispensables avant tout dialogue au vu du passé de la SoFECT-FPATH.
Nous encourageons l'ensemble des associations ayant les intérêts des personnes trans à coeur à soutenir ces exigences, et de ne pas rejoindre ce qui s'apparente en l'état à une tentative de division au sein des mouvements de lutte trans. Un conseil d’administration composé de si peu d'associations et de particuliers sans garantie d'indépendance et sans réel poids face aux corps médical ne saurait être représentatif des personnes trans et ne servirait que de caution à la FPATH.
Malheureusement, nous craignons que les déclarations d’intentions, tout comme le changement de nom, ne soient qu’une nouvelle manoeuvre destinée à redorer une image ternie par les années de mauvaises pratiques et, qu’au final, rien ne change. Il ne nous restera alors qu’à remplacer sur nos banderoles le nom de SoFECT par celui de FPATH et à regretter que, dans notre pays, des professionnels de santé continuent à s’organiser contre une prise en charge humaine et respectueuse de la transidentité.
Nous appelons de nos voeux la construction d’un véritable réseau de santé en France, respectueux des personnes trans et ouvert à tout·e·s professionnel·le·s de santé ou personne intervenant dans la prise en charge des transidentités.
Nous invitons toutes les associations trans, mais aussi les associations LGBTI+ et féministes, et celles qui, chaque jour, oeuvrent à leurs côtés à se joindre à nous, à signer et à diffuser cette lettre ouverte.